Musique Chopin : Préludes https://chopinmusic.net/fr/oeuvres/preludes/ |
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PréludesLes préludes sont pour plusieurs raisons semblables aux études d’opus 10 et 25. En les composant, Chopin avait une conception semblable à Bach avec le Clavecin bien tempéré : comme son prédécesseur, Chopin a mis tous les préludes dans un ordre de tonalités. Dans le Clavecin bien tempéré, toutes les tonalités augmentent chromatiquement, mais Chopin a mis ses préludes dans un ordre qui suit le cercle de tonalités. On sait que Chopin a bien étudié les œuvres de Bach avant d’écrire ses préludes. Il admirait beaucoup la perfection de forme et d’harmonie dans la musique de Bach. Malgré cet exemple, Chopin a créé quelque chose de complètement nouveau. Originairement, le mot français, prélude, ne signifie rien de plus qu’une introduction, mais dans cette forme Chopin a développé ses 24 préludes ainsi qu’ils sont devenus des morceaux indépendants de musique.
Tellement pour les préludes. Ils sont très beaux et sont dignes des douleurs et des études les plus approfondies, pas avec une vue de perfectionner une manière stéréotypée de jouer chacun, mais avec but de découvrir les diverses méthodes à employer afin de souligner leur beauté. Un demi de la beauté d’une femme vient des robes qu’elle porte. Elle peut être habillée en bleu aujourd’hui et en gris demain et en rose le jour suivant ; avec chaque changement elle apparaît plus belle. C’est semblable avec ces préludes. Chacun a une grande garde-robe. Faites donc attention de ne jamais les habiller des mêmes couleurs.
- Vladimir Pachmann
Les préludes de Chopin sont entièrement d’une autre classe. Ils ne sont pas, comme le titre le suggère, des morceaux destinés à être joués comme introductions aux autres morceaux ; ils sont plutôt des préludes poétiques, analogues à ceux d’un grand poète contemporain qui tient délicatement l’âme dans les rêves d’or et qui l’élève aux régions de l’idéal.
- Franz Liszt (1841)
Je dirais que les préludes sont étranges. Ils sont des croquis, des commencements d’études, ou, pour ainsi dire, des ruines, des ailes sans corps, pleins de désordre et de confusions sauvages.
- Robert Schumann Prélude en do majeur, op. 28 n° 1 — AgitatoC’est une arabesque des couleurs les plus fines. Vladimir de Pachmann : « Le premier est d’un style qui me rappelle fortement Schumann. » Hans von Bulow a nommé ce prélude, Réunion. C’a été composé à Majorque en janvier 1839, publié en 1839 et dédié à Camille Pleyel et Johann Kessler.Prélude en la mineur, op. 28 n° 2 — LentoQuelques-uns disent ce prélude a été composé à Stuttgart. Le pianiste polonais Jan Kleczynski (1837-1895) préférait jouer le premier prélude deux fois et ensuite sauter ce prélude, parce qu’il pensait que c’était trop bizarre pour jouer. Vladimir de Pachmann : « Le deuxième est, je crois, un peu pauvre et je me souviens que Liszt lui-même m’a une fois dit qu’il le pensait un peu faible. » Cette pièce a été composée à Majorque, en novembre et décembre 1838 et a été publiée en 1839 ; c’a été dédiée à Camille Pleyel. Hans von Bulow a nommé ce prélude, Pressentiment de mort.Prélude en sol majeur, op. 28 n° 3 — VivaceCette pièce a été composée entre 1836 et 1839 ; c’a été publiée en 1839 et dédiée à Camille Pleyel. Vladimir de Pachmann : « Le troisième, pourtant il n’a pas de signification très haute, est un petit prélude charmant. La mélodie est si lisse qu’elle me rappelle l’huile flottant sur l’eau, pendant qu’une sorte d’accompagnement de la cithare court. » Hans von Bulow a nommé ce prélude, Tu es comme une fleur.Prélude en mi mineur, op. 28 n° 4 — LargoWalter Gieseking recommande de pédaler pendant l’ouverture de ce prélude : « L’anacrouse de la main droite est très importante. Pédalez d’abord sur la deuxième note et tenez la même pédale pendant la première mesure. » Ce prélude fut joué par orgue lors de l’enterrement de Chopin. Hans von Bulow nomma ce prélude, Étouffement. La pièce a été composée à Majorque, en novembre et décembre 1838 et a été publiée en 1839 ; elle est dédiée à Camille Pleyel.Prélude en ré majeur, op. 28 n° 5 — Allegro moltoHans von Bulow a nommé ce prélude, Incertitude. Il a été composé entre 1836 et 1839 et a été publié en 1839. Chopin l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en si mineur, op. 28 n° 6 — Lento assaiHans von Bulow a nommé ce prélude, Tintement de cloches. Chopin l’a composé entre 1836 et 1839 et l’a publié en 1839 ; il l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en la majeur, op. 28 n° 7 — AndantinoDencausse Federico Mompou (1893-1987) a composé ses Variaciones sobre un tema di Chopin, basés sur ce prélude. Hans von Bulow a nommé cette pièce, Danseur polonais. C’a été composé en 1836 et publié en 1839. Chopin l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en fa dièse mineur, op. 28 n° 8 — Molto agitatoCertains disent que celui-ci a été composé à Majorque pendant un orage. Hans von Bulow a nommé ce prélude, Désespoir. Chopin l’a composé entre 1836 et 1839 et l’a publié en 1839 ; il l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en mi majeur, op. 28 n° 9 — LargoCe prélude emploie 48 gammes différentes ! Hans von Bulow nomma ce prélude, Vision. Il a été composé entre 1836 et 1839 et a été publié en 1839 ; Chopin l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en do dièse mineur, op. 28 n° 10 — Allegro moltoChopin a composé son dixième prélude à Majorque en novembre et décembre 1838. Il l’a publié en 1839 et l’a dédié à Camille Pleyel. C’est un petit cappricio. Vladimir de Pachmann : « Dans le dixième, Chopin semble à moi se diriger à et imiter son maître, Hummel. » Hans von Bulow a nommé ce prélude, Papillon de nuit :
Un papillon de nuit vole autour de la salle là ! Il s’est soudainement caché (le sol dièse soutenu) ; seulement ses ailes contractent. Dans un moment il prend vol de nouveau et s’installe encore dans l’obscurité—ses ailes flottent (trille de la main gauche). Ceci se produit plusieurs fois, mais enfin, lorsque les ailes commencent à trembler encore, la mouche du coche qui vit dans la chambre vise l’insecte et frappe. Le papillon s’agite un peu… et meurt.
Prélude en si majeur, op. 28 n° 11 — VivaceHans von Bulow nomma ce prélude, Libellule. Chopin l’a composé entre 1836 et 1839 et l’a publié en 1839. Il l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en sol dièse mineur, op. 28 n° 12 — PrestoCelui-ci pourrait facilement avoir été une étude. Hans von Bulow a nommé ce prélude, Duel. Il a été composé entre 1836 et 1839 et publié en 1839. Avec les autres préludes, celui-ci a été dédié à Camille Pleyel.Prélude en fa dièse mineur, op. 28 n° 13 — LentoHans von Bulow nomma ce prélude, Perte. Chopin l’a composé entre 1836 et 1839 et l’a publié en 1839. Il l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en mi bémol mineur, op. 28 n° 14 — AllegroHans von Bulow nomma ce prélude, Peur. Composé entre 1836 et 1939 et publié en 1839, Chopin l’a dédié à Camille Pleyel.
C’est une pièce torturée et frustrée. Elle veut aller une direction, commençant comme si elle allait par en avance. Ensuite elle failli et tombe en arrière. C’est une œuvre très chromatique, alternant entre mineur et majeur. À la fin, on tombe sur le tonique sans dominant précédent. On trouve la pièce finie mais sans conclusion. C’est l’atmosphère que je trouve ; je ne joue donc pas vite, car la pièce perdrait sa qualité de torture, de frustration et de contradiction.
- Tamas Vasary Prélude en ré bémol majeur, op. 28 n° 15 — SostenutoCette oeuvre a été composée entre 1836 et 1839 et publiée en 1839, dédiée à Camille Pleyel. Hans von Bulow nomma ce prélude, Goutte de pluie.
Il y en a un qui lui est venu lors d’une soirée de pluie lugubre, soumettant l’âme à une déjection terrible. Lui laissant en bonne santé, je suis allé avec Maurice à Palmes un matin afin d’acheter ce que nous avions de besoin à notre campement. La pluie est venue en torrents débordants. Nous avons fait trois ligues en six heures, mais nous sommes toujours retournés au milieu d’une inondation. C’était complètement noir et nous avions perdu nos souliers, étant donné que notre chauffeur nous avait quittés. Nous nous sommes dépêchés, savant que notre bien-aimé serait inquiété. En effet, il l’était, mais il était en ce moment figé dans un genre de désespoir silencieux et, sanglotant, il jouait son prélude merveilleux. Lorsqu’il nous a vu, il s’est levé avec un cri et nous a dit, d’un air étrange, « Ah, j’étais certain que vous étiez morts. » Quand il était mieux et a vu l’état dans lequel nous nous trouvions, il était malade, en train d’imaginer les dangers que nous avions vécus. Il m’a néanmoins confié qu’il l’avait tout vu dans un rêve et, ne distinguant plus entre la réalité et le rêve, il est devenu calme et somnambule. En jouant le piano, il s’était persuadé de sa propre mort et il s’était vu noyer dans un lac. Les gouttes d’eau froide tombaient régulièrement sur son corps et, lorsque je lui ai fait remarquer le son des gouttes sur le toit, il nia l’avoir entendu. Il était enragé que j’avais compris son œuvre une telle imitation. Il protesta avec tout son pouvoir—et il aurait dû—contre la puérilité de telles reproductions orales. Son génie était rempli des sons de la nature, mais il les avait transformés ainsi qu’ils sont devenus équivalents à la pensée musicale et non à l’imitation des sons externes. Sa composition de ce soir était certainement remplie de gouttes d’eau, résonnant sur les tuiles de la maison, mais dans son imagination elles étaient des larmes tombées du ciel.
- George Sand Sand n’a pas spécifié la clé ou le numéro du prélude composé lors de cet événement et, même si le prélude en ré bémol majeur est fréquemment donné le sobriquet, Goutte de pluie, l’histoire pourrait bien appliquer à n’importe quel prélude mélancolique comprenant une figure répétitive (la mineur, mi mineur, si mineur, aussi bien que ré bémol majeur). Prélude en si bémol mineur, op. 28 n° 16 — Presto con fuocoSi on joue ce prélude avec le tempo de torrent désiré, presto con fuoco, on remarquera que la plus grande difficulté de ce prélude n’est pas le défi évident de la main droite avec les doubles-croches. C’est la motion de coulé requise pour jouer les groupes de notes de la main gauche tous d’un coup.
Le seizième est mon préféré ! C’est la plus grande tour de force de Chopin. C’est le plus difficile de tous les préludes en termes de technique, sauf, possiblement, le dix-neuvième. En ce cas, presto n’est pas assez. Ça devrait être joué prestissimo ou, mieux encore, vivacissimo.
- Vladimir de Pachmann Hans von Bulow nomma ce prélude, Hades. C’a été composé entre 1836 et 1839 et publié en 1839, étant dédié à Camille Pleyel. Prélude en la bémol majeur, op. 28 n° 17 — AllegrettoCette pièce est une petite romance, dans laquelle Chopin a introduit des harmonies spéciales : des utilisations précédentes de ce genre n’existent pas. C’était le prélude préféré de Clara Schumann et d’Anton Rubinstein. Hans von Bulow nomma cette œuvre, Une scène sur la Place de notre-dame de Paris. C’a été composé en 1835 et publié en 1839, dédié à Camille Pleyel.Prélude en fa mineur, op. 28 n° 18 — Allegro moltoHans von Bulow nomma ce prélude, Suicide. C’a été composé entre 1836 et 1839 et publié en 1839 ; Chopin l’a dédié à Camille Pleyel.Prélude en mi bémol majeur, op. 28 n° 19 — VivaceHans von Bulow le nomma, Joie sincère. Chopin a composé cette œuvre entre 1836 et 1839 et le publia en 1839, dédié à Camille Pleyel.Prélude en do mineur, op. 28 n° 20 — LargoComposé entre 1836 et 1839 et publié en 1839, Chopin dédia cette œuvre à Camille Pleyel. Ce prélude terminait originalement à la neuvième mesure. Basé sur cette pièce, Rachmaninov composa ses Variations sur un thème de Chopin. Ces variations peuvent faire peur aux meilleurs des pianistes—elles durent plus d’une demi-heure et sont difficiles en ce qui concerne la technique et la musicalité. Hans von Bulow nomma ce prélude, Marche funèbre.Prélude en si bémol majeur, op. 28 n° 21 — CantabileCette œuvre fut composée à Majorque en novembre et décembre 1838. C’a été publiée en 1839 et dédiée à Camille Pleyel. Hans von Bulow la nomma, Dimanche.Prélude en sol mineur, op. 28 n° 22 — Molto agitatoHans von Bulow nomma cette pièce, Impatience. C’a été composée entre 1836 et 1839. C’a été publiée en 1839, dédiée à Camille Pleyel. Vladimir de Pachmann : « Dans le vingt-deuxième prélude, Chopin crée le jeu d’octave moderne et énergétique. C’est le premier prélude de son genre dans tout le monde. »Prélude en fa majeur, op. 28 n° 23 — ModeratoHans von Bulow nomma ce prélude, Un bateau de joie. Vladimir de Pachmann : « Dans le vingt-troisième prélude, presque toutes les éditions indiquent des passages courts de legato. Chopin ne jouait point de tels passages. Parfois il introduisit un long passage de legato, mais jamais des courts passages ne contenant que quelques notes. » C’a été composé entre 1836 et 1839. C’a été publié en 1839 et dédié à Camille Pleyel.Prélude en ré mineur, op. 28 n° 24 — Allegro appassionatoVladimir de Pachmann : « Dans le vingt-quatrième un amateur devrait savoir que toute la beauté de ce prélude peut être endommagée en jouant les notes de la main gauche trop fortement. Ces dernières devraient être entièrement masquées et ne devraient jamais nuire à la main droite. » Hans von Bulow nomma ce prélude, La tempête. C’a été composé entre 1836 et 1839. Ça fut publié en 1839 et dédié Camille Pleyel.Prélude en do dièse mineur, op. 45Op. 45 est le vingt-cinquième prélude avec des notes de basse qui agrandissent et des harmonies qui changent souvent de couleur. C’est un peu élégiaque mais piqué en parties d’espoir, comportant toujours une atmosphère de peine ultime. |
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